Prologue
Les cheveux rouges et noirs de la jeune femme flottaient dans le vent froid du mois de décembre. La neige tourbillonnait autour d’elle, des milliers de flocons tous différents les uns des autres se tassaient sur le béton.
Il avait déjà neigé auparavant, mais un fois le sol touché, les flocons avaient fondu. Aujourd’hui, ils agrippaient chaque surface avec la nette intention de rester tout l’hiver.
La jeune femme secoua son manteau où la neige commençait à s’accumuler et soupira. La piste qu’elle avait s’était encore soldée d’un échec. Chaque piste qu’elle avait se soldait toujours par un échec.
La personne qu’elle venait de voir était bien amnésique, mais elle n’avait pas perdu son nom. Bien sûr que non. Les gens l’avaient appelée en lui disant que personne ne se souvenait de l’amnésique, mais c’était l’inverse, oui ! Elle qui ne se souvenait de personne ! Les gens avaient encore pris la jeune femme pour une imbécile. Et accessoirement fait perdre son temps. Or elle n’avait pas le temps de perdre son temps.
Elle rentra alors chez elle tandis que les flocons qui s’échappaient du ciel étaient de plus en plus abondants. Ses cheveux frisés et bicolores devinrent bientôt blancs et glacés. Certaines mèches avaient même gelé.
Elle arriva devant la face délabrée de son immeuble. Les briques autrefois rouges étaient devenues aussi ternes qu’un coucher de soleil dans le brouillard de l’hiver.
Elle ouvrit à la volée la porte de son appartement situé au dernier étage, jeta son sac au pied du porte manteau et se laissa mollement tomber sur le canapé. Cette soirée froide d’hiver, comme chaque soirée, elle la passa à penser, à réfléchir, à rechercher les moindres souvenirs de son passé, mais rien ne lui revenait. Elle n’arrivait pas à retrouver ce souvenir si important. D’un jour à l’autre, ce souvenir s’était envolé de son esprit, sans qu’elle puisse le retenir. Un jour, elle avait cru l’attraper, mais il avait de nouveau filé entre ses doigts.
Alors après plusieurs heures de vaines recherches, elle se leva finalement de son canapé et se servit un café bien serré.
Le café n’était pas bon, elle réprima une envie de vomir, mais de toute façon, elle n’avait pas les moyens de s’acheter de la meilleure qualité.
Son téléphone sonna ensuite en affichant le nom de Valentin. Elle raccrocha. Elle n’avait pas envie de lui parler ce soir. Ce nouvel échec lui minait le moral. C’est pourquoi elle alla se coucher, l’esprit lourd de pensées.